Des origines à la veille du XVIIIème siècle.
C'est au IXème siècle, que l'on rencontre la première mention de Landrecies. Ce nom apparaît dans une charte de donation, datant de 852, émanant de l'empereur Lothaire 1er, petit-fils de Charlemagne.
A cette date, Landrecies ne représente qu'un petit village (ou bourg) formé de quelques chaumières installées sur les bords de la Sambre, au pied des hauteurs des Etoquies. La ville prend forme au XIIème siècle, lorsque Nicolas, seigneur d'Avesnes, fait construire, en 1140, un château sur la rive droite de la Sambre ; "rassurés par la possibilité de trouver un refuge en cas de danger, les paysans groupèrent leurs chaumières à l'abri de cette forteresse." ......
Plan-relief de Landrecies.
Le plan-relief de Landrecies appartient à cette série que Nicolas Faucherre désigne comme la seconde génération des reliefs. En effet, après l’achèvement de la construction de la frontière, les plans-relief voient décliner leur fonction première, essentiellement orientée sur la programmation des investissements de fortification, pour devenir également un faire-valoir pour le prince. Il en découle un soin particulier dans la représentation de la ville qui, tout naturellement, génère aujourd’hui un intérêt renouvelé pour ces plans. Plus que tout autre, le plan-relief de Landrecies présente une importance considérable pour la mémoire de la ville dont les fortifications sont arasées à partir de 1894. Une copie du plan-relief de Landrecies, réalisée il y a quelques années par le Service Restauration du musée des plans-reliefs, est aujourd’hui utilisée dans le cadre d’animations pédagogiques auprès des enfants.
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Jusqu'en 1545, Landrecies et son territoire forment un fief dépendant des seigneurs d'Avesnes et relevant du comté de Hainaut.
Au XVIème siècle, Landrecies se trouve placée au cœur des conflits qui opposent
François 1er et Charles Quint. Prise une première fois par les Français en 1521, elle est, en 1526, restituée à l'empire de Charles Quint par le traité de Madrid. François 1er s'empare à nouveau de la ville en 1543. Cette fois, il fait renforcer les fortifications de la ville selon la méthode nouvelle des fronts bastionnés ; il abandonne la ville basse, trop proche des hauteurs du faubourg
de Soyères, et fait construire trois gros boulevards autour de la ville haute, un quatrième boulevard est formé à partir des ruines "du vieux château ", qu'il a fait remplir de terre,
afin d'assurer le flanquement des fronts voisins. La même année, les armées de Charles Quint aidées par des troupes anglaises tentent de reconquérir la ville en l'assiégeant, mais sans succès. A l'issue de ce siège, la bravoure des défenseurs de Landrecies est récompensée par François 1er, qui les anoblit leur vie durant. En 1544, François 1er profite d'une querelle qui oppose Henri VIII à l'empereur Charles Quint, pour signer avec ce dernier le traité de Crépy-en-Laonnais. Par ce traité, le roi de France renonce à Naples et l'empereur à la Bourgogne ; ils se rendent également leurs récentes conquêtes. Ainsi Landrecies est restituée à la seigneurie d'Avesnes à laquelle elle appartenait..
Conscient de l'importance stratégique et militaire de la place de Landrecies, Charles Quint émet le désir, en 1545, de la réunir à son domaine ; pour cela il convainc le duc d'Aerschot, seigneur d'Avesnes, de lui céder en échange de la seigneurie de Blaton.
Dès lors Landrecies devient possession espagnole, et ceci pour environ 100 ans. Au cours de cette période, Charles Quint fait renforcer et augmenter les fortifications de la ville ; un cinquième boulevard est construit..
Lors de la dernière phase de la guerre de 30 ans (1618-1648), Landrecies tombe une nouvelle fois entre les mains des français (1637), pour une période de 10 ans, mais en 1647, les Espagnols la récupèrent. La réunion définitive de Landrecies au royaume de France se fait par le traité des Pyrénnées en 1659, Turenne avait amorcé cette réunion en assiégeant et en regagnant Landrecies en 1655.
C'est vers 1680, que Louis XIV demande à Vauban de renforcer et de revaloriser l'enceinte fortifiée de la ville de Landrecies.
En 1678, Louis XIV nomme Vauban commissaire général des fortifications. Dès lors, il entreprend le renforcement des frontières du royaume en perfectionnant la défense des villes, par la construction d'enceintes double ou triple, et leur armement. Les travaux débutent à Landrecies vers 1680.
Vauban agrandit, renforce et redresse les cinq bastions de la ville haute à l'aide de solides revêtements; il supprime l'ouvrage à corne de la Folie et le remplace par une contre garde. Il retire une demi-lune de la courtine de la porte de France, et fait redresser et revêtir les autres. L'ensemble est entouré d'un fossé remplit d'eau. Il réorganise la ville basse, en enfermant celle-ci dans un grand ouvrage à cornes et en aménage une partie en vaste espace découvert servant d'esplanade. Il fait également rectifier le retranchement qui existe entre la ville haute et la ville basse.
Ces travaux de renforcement des fortifications de Landrecies s'achèvent en 1692, les améliorations apportées par Vauban, ont tellement complété la défense de la ville, que rien ou presque ne sera ajouté jusqu'au démantèlement. Le XVIIIème siècle est une période au cours de laquelle le courage et la bravoure des Landreciens s'est une nouvelle fois illustrée, notamment lors de deux sièges importants, le premier en 1712 et le second en 1794. Entre ces sièges Landrecies connut une période de tranquillité, accompagnée d'un accroissement de sa population, qui atteint alors les 3 12l habitants, et d'un développement de ses activités, lui permettant de devenir une cité militaire florissante.
Les fortifications médiévales.
Les fortifications de Landrecies sont liées à la présence des seigneurs d'Avesnes. Le site de Landrecies, traversé par la Sambre, constituait un point fort, passage obligé de routes mettant en communication l'Avesnois avec le Cambrésis et le Vermandois. Aussi, dès la fin du XIème siècle, fut érigé sur la rive gauche de la Sambre un donjon carré entouré d'eau, connu sous le nom de vieille tour des Etoquies. Cette dernière contrôlait, à la corne de la forêt de Mormal, le franchissement de la rivière ainsi que la circulation en aval de Landrecies sur la route qui reliait les régions de la Thiérache du Nord et de la Haute Sambre à celle de la Sambre moyenne..
Une seconde étape fut franchie vers le milieu XIIème siècle pour doter le fief de fortifications castrales périphériques à Trélon, Sassogne et Landrecies.
- Entre la Sambre et l'église paroissiale fut édifié un castrum de plan carré de 80 à 90 m environ de côté. Les courtines du castrum se développaient sur 80 m environ de longueur. Elles étaient renforcées aux angles par des tours rondes en forte saillie, à parois fortement talutées, percées de longues et fines archères. Le flanc nord possédait une tour supplémentaire occupant le milieu de la muraille. De ces tours, une seule, celle qui occupait l'angle sud-est du castrum subsiste..
- La ville basse formait à l'origine la basse cour du château et possédait pour unique moyen de défense un fossé noyé par les eaux de la Sambre..
- La ville haute comprenait une partie intensément bâtie qui s'étendait à l'est du château, formant un espace carré de 90 m de côté et une partie plus verdoyante et plus étroite de 60 m environ de largeur. Très vraisemblablement, l'agglomération n'était protégée à l'origine que par un très large fossé, de 23 à 25 m de largeur..
Ce n'est qu'au tout début du XIVe siècle que débute la construction des murailles urbaines et des portes en maçonnerie. Landrecies ne possédait que deux portes, l'une à l'entrée est, connue à l'époque sous le nom de "porte le Comte Guy" et l'autre, "la neuve porte", construite à la sortie de la ville basse. Dès cette époque, Landrecies avait atteint à l'est, à l'ouest et au nord les limites qui seraient celles, définitives, du corps de la place. L’incendie de la ville en 1477, par les soldats de Louis XI, fut suivi d'une campagne de restauration et d'amélioration des fortifications urbaines. Les plus notables furent le remplacement des tours d'angle rondes par des tours carrées d'artillerie et le renforcement de la courtine la plus exposée, parallèle à la Sambre, par des terrées.
Les fortifications du XVIème siècle.
Prise par les troupes du duc de Vendôme en 1521, Landrecies fit retour à l'Empire par le traité de Madrid. Dès juillet 1523 commença une campagne de nouveaux travaux qui marquèrent progressivement le passage à une fortification horizontale en renforçant les capacités du site à éloigner l'assaillant (construction d'un batardeau destiné à retenir les eaux des fossés, creusement sur le front nord d'un fossé régulier avec escarpe et contrescarpe...)..
Néanmoins, les défenses étaient encore archaïques et hétéroclites lorsque la place fut prise en 1543 par François I er. Le roi fit alors appel à un ingénieur italien, Giralamo Marini, afin de pourvoir Landrecies de fortifications plus modernes. Mais, parant au plus pressé, les travaux de bastionnement des murs se firent hâtivement. Rendue à son propriétaire Philippe de Croÿ, par le traité de Crépy-en-Laonnais, Landrecies fut cédée en 1545 à Charles Quint qui fit de celle-ci "le sûr rempart du Hainaut" : fossés élargis, approfondis et réguliers, courtines terrassées plus épaisses et revêtues, cinq bastions assez réguliers à orillons plats, portes ouvertes dans les fronts est et ouest.
Les innovations du XVIIème siècle
Sous la domination espagnole, les améliorations notables du corps de la place portèrent sur les dehors (construction de demi-lunes, de petits bastions, ...).
Prise par les troupes du cardinal de la Valette en 1637, Landrecies allait rester française pendant dix ans. Les défenses de la place furent alors reconsidérées et exécutées selon les principes du chevalier Antoine Deville chargé de fortifier les villes cédées à la France. .....
..... L'effort porta principalement sur les dehors. La ville basse, complètement détruite en 1637, fut quasiment abandonnée. Reprise par Turenne et la Ferté en 1655, Landrecies devint définitivement française par le traité des Pyrénées en 1659. Des travaux furent exécutés de 1667 à 1688 selon les vues et les principes de Vauban. La mise en eau des fossés et l'inondation tendue autour de la place furent nettement améliorées.
Malgré la leçon donnée par le siège de 1712 et la résistance de Landrecies qui permit la victoire de Villars à Denain, malgré les rapports rédigés par plusieurs ingénieurs militaires, les défenses de "Vauban" restèrent quasiment inchangées jusqu'au XIXème siècle.
Le XIXème siècle.
Landrecies entre dans ce nouveau siècle fort affaiblie. La ville est en ruine, ceci depuis les bombardements écrasants qu'elle a subi lors du second siège de 1794. Depuis, aucun travaux n'ont été entrepris. Il faut attendre l'année 1800 pour que la convention décide de débloquer les fonds nécessaires à la reconstruction de la ville. Ainsi de 1800 à l814, Landrecies panse ses blessures. Le retour de Napoléon 1er en 1815, plonge une nouvelle fois la France dans une guerre européenne. Landrecies subit un nouveau siège, et tombe aux mains des alliés 21 jours après la chute de Paris. Dés lors, Landrecies est occupée par les alliés, d'abord saxons et prussiens, puis russes. Pendant la période d'occupation, la vie des landreciens s'organise..
En 1817, une école secondaire est mise en place sur ordre du conseil régional du Nord et du conseil cantonal de l'instruction publique. L'année suivante, Louis XVIII autorise par lettres patentes la modification des armoiries de la ville, et la population landrecienne entreprend la reconstruction de son église sur les fondations de l'ancienne. Les travaux débutent en 1818 et s'achèvent en 1822. Sous la monarchie de juillet (1830-1848), des améliorations au point de vue militaire sont sans cesse apportées à la ville, sans pour autant bouleverser l'œuvre de Vauban..
En 1830, la caserne Dupleix est construite, en 1836 est effectué le rehaussement de l'ouvrage à cornes de la ville basse et le terrassement du front, entre les cornes. L'ouverture du canal de la Sambre à l'Oise le 8 mai 1835, devient au cours du temps, un enjeu économique important pour Landrecies..
Pendant le second empire (1852-1871), les améliorations de la ville se poursuivent (de 1853 à l856). En 1852, un projet de prolongement de la ligne de chemin de fer de St Quentin à Erquelines est élaboré, mais faute de prévoyance, Landrecies ne profite pas des circonstances et laisse passer la chance de devenir un grand centre ferroviaire. La guerre de 1870-1871, qui oppose la France à la Prusse, est un nouvel échec pour les Français, mais Landrecies comme toujours montre un grand courage : elle est la dernière place de France à tomber sous les bombardements prussiens. Même si les anciennes forteresses ont montré lors de cette guerre, qu'elles pouvaient encore être un obstacle à la progression ennemie, les nouvelles armes employées se montrent plus efficaces. L'importance des armées permanentes laisse prévoir qu'en cas de nouvelle guerre, les conflits se règleraient en rase campagne, d'où un besoin grandissant d'hommes et donc une nécessité de réduire le nombre de places fortes qui immobilise trop de garnisons. Le 27 mai 1889, une loi déclasse les vieilles places jugées inutiles. Le démantèlement des fortifications de Landrecies commence le 13 septembre 1894. La même année une stèle commémorative du deuxième siège de 1794 est érigée à Landrecies, en mémoire du courage et du dévouement de sa population.
Le démantèlement
Devenue "un bijou archaïque", la place fut déclassée en 1894 et le démantèlement commença en mai 1895. Malheureusement, les projets de la municipalité furent en grande partie anéantis par la première guerre mondiale. En 1918, il ne s'agissait plus de créer de nouveaux quartiers mais de rebâtir tous les édifices publics bombardés et de relever de ses ruines une ville exsangue. Malgré ces destructions, Landrecies a conservé son aspect d'ancienne ville de garnison. Quelques constructions rappellent le passé militaire de la cité : la tour du château, la caserne Clarke et la caserne Biron.
Le plan-relief de Landrecies
Le plan-relief du musée, animé par vidéo-projection, permet d’en comprendre tant les défenses que l’organisation de la cité et du territoire au XVII e siècle.
Rappel historique Landrecies a été créée au VIIème siècle à un point de franchissement de la Sambre. De 843 à 1482, sous domination germanique elle est protégée initialement par un château-fort puis par une enceinte bâtie au XIIIème et au XIVème siècles par la municipalité bourgeoise et commerçante. Au XVIème siècle, la ville passe alternativement de la domination de François I er à celle de Charles Quint. Il est alors impératif pour les Français de fortifier la frontière nord de la France afin de protéger Paris d’une invasion des Habsbourg. Vers 1544, François Ier charge Girolamo Marini de construire une nouvelle enceinte. Celle-ci sera «bastionnée», c’est à dire conçue pour résister au canon. Charles Quint ayant finalement récupéré la place en renforce les défenses. Dans la première moitié du XVIIème siècle, la France et l’Empire se disputent encore la possession de la cité. Landrecies, prise par Louis XIII, est rendue aux Espagnols en 1544. Elle est à nouveau assiégée et prise en 1655 par Louis XIV et le vicomte de Turenne, Maréchal de France. Clerville charge alors Vauban d’examiner et de réaménager le système défensif de Landrecies devenue française en 1659, par le traité des Pyrénées. Vauban conserve les fortifications espagnoles qu’il juge efficaces. Il les complète par un ‘’grand ouvrage à cornes’’ et améliore les dehors en créant, notamment, un dispositif d’inondations défensives qui limitent les possibilités d’abordage de la place par l’ennemi.
En 1794, l’armée des Nations coalisées contre la jeune République française écrase la ville sous les bombes.
Au XIXème siècle, les chemins de fer s’étendent en France. Landrecies en plein développement étouffe dans son corset de murailles. Les fortifications totalement obsolètes en raison des progrès de l’artillerie moderne sont démantelées entre 1895 et 1899.
*Girolamo Marini, ingénieur italien vers 1500-1553, a servi François Ier. Il a notamment, reconstruit de Vitry-le-François détruit par les armées de Charles-Quint. Les ingénieurs italiens sont les inventeurs de la fortification bastionnée.
*Louis Nicolas de Clerville (1610-1677), ingénieur du Roi, nommé maréchal de camp en 1652.
La fortification : Le
plan relief restitue la double vocation de la place au XVIIe siècle : défensive : barrer la voie d’invasion de ‘’La Sambre’’ - et offensive : intervenir au profit d’une place voisine du ‘’Pré carré’’, du Quesnoy, place de première ligne, en particulier, et/ou soutenir une armée opérant dans les territoires des Pays-Bas espagnols. Elle combine donc fortifications et infrastructures logistiques.
La fortification, de type bastionné, a été réalisée par les Espagnols vers 1650. Elle se compose d’un corps de place pentagonal protégé par des bastions. Percé de deux portes, il commande le pont sur la Sambre. Vauban a amélioré l’ensemble en renforçant les bastions (casemates à l’épreuve des bombes), mais surtout en développant les défenses avancées : élargissement des fossés combiné à une manœuvre d’eau permettant leur inondation par un système de batardeaux (écluses) afin de limiter les possibilités d’abordage de la place par l’ennemi, création de contregardes pour protéger les bastions et de réduits dans les deux demi-lunes les plus exposées, de redoutes contrôlant les approches.
Plan-relief : mode de représentation géographique en relief comportant le détail des aménagements. Les plans-reliefs étaient réalisés à partir de relevés sur sites et d’aquarelles des infrastructures et des paysages.
Création enfin sur la rive nord de la Sambre d’un vaste ouvrage à cornes , transformant le faubourg en ville basse et créant une tête de pont propre à faciliter les actions offensives, et, sur l’ensemble du périmètre, d’une première ligne de défense : le chemin couvert. Des arbres couronnent les remparts pour masquer les édifices et fournir une réserve de bois. Les portes sont rehaussées de la symbolique royale.
Les infrastructures de commandement et de soutien L’infrastructure dédiée est défilée derrière les courtines, tel le logis du gouverneur, implanté dans l’ancien château, et répartie par sécurité entre ville Haute et ville Basse. Vauban a fait aménager deux casernes dont une pour les troupes montées, deux places d’arme, un hôpital, trois poudrières, deux fours à boulets, un arsenal et une soute à munitions dans l’ancien château, des entrepôts à vivres et fourrage, des fontaines et un abreuvoir.
Le plan-relief du musée du Génie
Le plan de la ville de Landrecies, qui est exposé au musée du Génie est la copie d’une œuvre qui appartient au musée des plans-reliefs, situé aux Invalides à Paris.
L’ensemble a vu le jour en 1668, sous Louis XIV, à la suite d’une commande du ministre de la guerre : le marquis de Louvois. Les plans-reliefs avaient pour but d’accompagner les travaux de fortification des ingénieurs du Roi. Ils étaient également des outils d’expertise à distance pour les opérations militaires et les défenses du territoire. En 1700, Louis XIV installe les collections au Louvre où elles serviront également d’instrument de prestige. Elles seront déplacées dans les combles de l’Hôtel des Invalides en 1777 après avoir été restaurées à la demande du ministre de la Guerre en 1754. Les collections, déclassées après 1871, seront classées ‘’monument historique’’ en 1927, puis exposées dans le musée des plans-reliefs, créé en 1943.
Les techniques : Les plans-reliefs ont été élaborés par des ingénieurs militaires jusqu’au XVIIIème siècle. De nombreuses méthodes étaient alors employées ; cependant, avec l’adoption d’une échelle unique à partir de 1680 les choses vont se simplifier (échelle d’un pied pour cent toises, soit : 1/600). En 1743 deux ateliers de fabrication sont créés sous la direction d’ingénieurs et d’élèves topographes ; ils seront réunis au Louvre puis installés aux Invalides en 1777.
Au XIXème siècle, des relevés sur le terrain et des aquarelles permettent de rendre au mieux les paysages et les reliefs. Des lames de bois en couches successives restituent le modelé du terrain et les finitions sont réalisées en carton mâché. Le sol est restitué par saupoudrage de sable fin sur un lit de colle. Les espaces verts sont restitués par de la soie teintée et hachée, collée sur la maquette ; les arbres avec des chenilles de soie mises en forme sur des fils de laiton. Enfin, l’eau était peinte avec de la peinture à l’huile.
Les détails architecturaux, les paysages sont rendus fidèlement grâce à des relevés sur le terrain en plans et en élévations et à des croquis aquarellés.
Les plans-reliefs étaient divisés en secteurs qui étaient ensuite assemblés. Il était ainsi plus facile pour les artisans de travailler sur des surfaces limitées, certains plans couvrant plusieurs dizaines de mètres carrés. Les maquettes étaient souvent modifiées, réactualisées en fonction des modifications observées sur le terrain. Les dernières créations seront réalisées sous le Second Empire.
Plan-relief : mode de représentation géographique en relief sous forme de maquette de terrain comportant les détails des aménagements à l'échelle.
Les oeuvres du musée des plans-reliefs sont, de nos jours, nettoyées au laser.
Le plan-relief du musée du Génie permet non seulement de mieux comprendre l’organisation défensive de la place, l’architecture militaire de l’époque, mais également de découvrir l’urbanisme et l’environnement d’une ville fortifiée au XVIIIème siècle.
Description de la place de Landrecies d’après le plan-relief
Landrecies a double vocation : défensive : tenir un passage sur une voie d’invasion, et offensive : soutenir une armée en campagne (base d’opérations). Elle combine donc fortification et infrastructures logistiques. La fortification, exemple type de l’architecture militaire bastionnée, est composée d’une enceinte pentagonale flanquée de cinq bastions. Ceux-ci, de petite taille, à orillons*, sont typiques de la Renaissance espagnole. Les deux portes, l’une ouvrant sur les Pays-Bas (espagnols puis autrichiens) et l’autre en direction de Paris, sont protégées par des demi-lunes. La ville est située sur le cours de la Sambre ce qui a permis à Vauban d’élaborer une « manœuvre à eau ». Un système de batardeaux (écluses) permettait d’inonder le fossé (douve), isolant ainsi totalement la place et interdisant le franchissement de la rivière , Les portes sont équipées de ponts mobiles. C’est également le cas pour le pont sur la Sambre. La ville basse fournit une tête de pont sur la Sambre, ce qui facilite les actions offensives. Elle est elle-même défendue par un front bastionné baptisé « ouvrage à cornes ». La porte de cet ouvrage est également protégée par une douve et une demi-lune. La ville haute et la ville basse possèdent chacune une place d’arme centrale.
*Orillon : saillant généralement arrondi prolongeant la face du bastion et permettant d’en couvrir le flanc. Vauban abandonnera ce tracé en raison de sa vulnérabilité, lui préférant le bastion pentagonal, plus massif.
Les bastions 1, 3, 4 et 5 de la ville haute et celui de la ville basse possèdent des abris souterrains à l’épreuve des bombes où militaires et civils peuvent trouver refuge.
Malgré les reconstructions postérieures aux sièges de
1543 et de 1655 la Ville Haute corsetée dans l’enceinte, a conservé son
caractère médiéval, vestiges du château-fort, rues étroites et sinueuses,
édifices de briques spécifiques à la région,
- le couvent des Carmes face à l'église qui masque la tour/poudrière de l’ancien château-fort dont on aperçoit que le toit pointu,
- l’église paroissiale, reconstruite vers 1500.
- la place, lieu de marché et la Maison de Ville dont les dépendances servent de prison attestent la richesse de la cité.
- le magasin à poudre et la caserne Biron sur la gauche de l'image. (Caserne construite en 1740 à l'initiative de Louis-Antoine de Gontaut, duc de Biron, alors gouverneur de la ville. Le bâtiment comporte au rez-de-chaussée des écuries de 8m de large sur 10m de profondeur et pouvait ainsi abriter 396 hommes et 69 chevaux. Elle a été reconvertie en logements.)
- la Porte de France dont le fronton porte la symbolique royale,
- l’imposante caserne St Philippe dont seule la toiture dépasse la courtine.
Cette vue de la ville basse révèle l’organisation de l’ouvrage à cornes qui la protège avec ses deux demi bastions à orillons et la demi-lune d’entrée. La caserne mixte et les fours à boulets sont bien mis en évidence. Un potager occupe l’emplacement du futur hôpital. Un batardeau faisant passerelle est visible sur la douve dans le coin inférieur gauche de la vue.
Les infrastructures de commandement et de soutien
sont adossées aux courtines, partiellement défilées aux vues et aux tirs ennemis : logis du gouverneur (dite Maison du Roy), casernes et édifices logistiques. Chaque fonction est répartie entre la place et la ville basse afin de prolonger la résistance en cas de perte d’une partie des moyens. Vauban a édifié des casernes pour accueillir la garnison, épargnant aux citadins la servitude jusqu’alors mal vécue d’hébergement des militaires. La caserne de la ville basse a deux niveaux. Au rez-de-chaussée 15 écuries et 15 chambres collectives5 à l’étage. Celle de la ville haute a 3 étages et 84 chambres. Ces bâtiments ont été construits selon des normes très strictes. Les chambres collectives pour la troupe accueillent généralement 12 soldats. Les officiers sont logés individuellement en pavillons ou chez l’habitant.
L’Arsenal abrite les magasins (subsistances, fourrages, équipements et armements) et les ateliers (maréchalerie et ferronnerie, sellerie, …). Pour la sécurité de la défense et celle des habitants, les poudres et munitions sont réparties dans plusieurs soutes de la ville haute dont une (n° 36), d’une contenance de 48 000 livres de poudre, est à l’épreuve des bombes. Une tour de l’ancien château-fort abrite également une soute à munitions. Les fours à boulets (pour la chauffe des projectiles destinés à provoquer des incendies) sont par contre répartis dans la ville haute et la ville basse.
L’hôpital ancien, situé dans la ville haute sera reconstruit en ville basse ainsi que l’indique le plan de 1724, sans doute pour bénéficier de plus de place et limiter les risques d’épidémie. Il assure la prise en charge des militaires malades et blessés. Comme dans toutes les places Vauban, le revers des terrassements est planté d’arbres afin de fournir du bois en cas de siège. Le clocher de l’église fournit un observatoire idéal.
Landrecies, une place forte du XVIIe siècle
Généralités : Le canon précipite l’évolution de la fortification, du château-fort à la forteresse bastionnée (XVème - XVIIIème siècle) La place de Landrecies a été fortifiée d’une enceinte bastionnée dont les principaux éléments sont :
Le bastion : ouvrage de forme pentagonale, remparé, dont l'artillerie des flancs bat les fossés et celle des faces le glacis. La crête du bastion est peu vulnérable aux tirs directs de l’artillerie.
Le fossé, éventuellement inondable (douve), précède le glacis en pente descendante vers la campagne. Un chemin couvert, au sommet du mur de contrescarpe (bord extérieur du fossé et première ligne de défense), permet aux fusiliers de battre le glacis tout en étant protégés.
La courtine (escarpe) : pan de mur reliant deux bastions.
La demi-lune : ouvrage de forme triangulaire placé dans le fossé en avant du rempart et très souvent en protection d'une porte.
La contregarde : ouvrage extérieur bas, en forme de redan (en V) couvrant un bastion.
La tenaille : protection en angle rentrant placée devant la courtine afin d’interdire les brèches.
La redoute : ouvrage détaché, de tracé carré ou polygonal. Construction permanente ou provisoire, pouvant recevoir de l’artillerie, elle peut servir à l’attaque comme à la défense.
Pas de Souris : Petit escalier de communication permettant de relier le fossé au chemin couvert ou un ouvrage extérieur. La marche inférieure peut être à 1,50 mètre du fond du fossé, permettant de conserver la fonction d’obstacle, et être remplacée par une échelle mobile en bois.
Dame (ou Demoiselle) : Il s’agit d’un obstacle massif, généralement cylindrique ou tronconique, posé sur le faîte du batardeau, pour empêcher que celui-ci ne serve de cheminement à l’assiégeant.
Batardeau : digue en maçonnerie limitant la partie en eau d’un fossé.
Escarpe : paroi d'un fossé du coté de la place
Contrescarpe : mur ou talus bordant le fossé côté campagne
Chemin couvert : chemin de ronde placé au sommet de la contrescarpe et abrité par un parapet marquant le départ du glacis vers la campagne.
Traverse : massif de terre maçonné construit dans la largeur du chemin couvert, qui se trouve ainsi barré sur presque toute sa largeur à l’exception d’un petit passage en chicane. La traverse évite que le chemin ne soit pris en enfilade.