Source Gallica, Bulletin de la Commission historique du département du Nord - 1866, et annuaire statistique du département du Nord - 1836 (textes numérisés)
Eclaibes, noms anciens : Scarbes, 1162, acte de Nicolas, évêque de Cambrai, Miroeus III, 342. - Esclaibes, 1167, Cart. de l'abb. de Liessies. - Esclèbes, 1186, J. de G., ann. du Hain. XII, 339. - Esclabes, 1251, Cart. de l'abb. d'Alne. - Sclairbes, 1265, 1er cart. du Hainaut. - Sclerbes, 1265, id. - Sclaibes, 1265, id. - Esclebbes , J. de G., manusc. de Valenciennes. - Eclaibe, 1556, ancienne pierre du château du lieu. - Esclaibes, 1782, Inscription de la cloche.
Monuments : De l'ancien château-fort édifié peut-être avant 1200, et reconstruit vers le milieu du XVIe siècle, il ne reste plus que les fossés larges et profonds, les murs élevés et percés de meurtrières de l'enceinte, et une portion notable de l'une des quatre grosses tours qui le défendaient.
Église construite en 1568 et 1569.
Faits historiques : La terre d'Eclaibes servit jadis d'apanage à un cadet de la maison de Chièvres sortie de Gérard de Roussillon, qui fut duc de Bourgogne sous le règne de Charles-le-Chauve.
Autel donné, en 1162, par Guillaume de Dompierre, à l'abbaye de Liessies.
Paroisse du décanat de Maubeuge, en 1186, administrée dans la suite par le curé de Floursies, puis, plus tard, par celui de Limont-Fontaine.
Le 12 octobre 1256, Gérard de Sclairbes (d'Esclaibes) et plusieurs autres chevaliers, se constituèrent cautions pour Jean et Bauduin d'Avesnes, de l'observation d'un traité qu'avaient fait ceux-ci avec Marguerite, comtesse de Flandre, le comte Guy et Jean de Dampierre, ses enfans.
Les gens du comte de Hainaut avaient arrêté, en 1282, un homme dans le fief et même dans la maison de Gérard d'Esclaibes, vassal de Pierre, fils du roi de France, comte d'Alençon et de Blois, et seigneur d'Avesnes. Ce dernier réclama contre cette violation de privilège, et, par un accord fait au mois de mai de la
même année, il fut convenu, entre lui et le comte de Hainaut, que cette arrestation ne pourrait préjudicier pour l'avenir à l'une ni à l'autre des deux parties.
Au moyen-âge, le château était une véritable forteresse. Louis XI y séjourna en 1477. Vers le milieu du XVIe siècle, le seigneur Jean III le fit presqu'entièrement reconstruire à la turquesque, par amour pour la fille de Mulay-Assan, bey de Tunis, qu'il avait enlevée et épousée sous le nom de Catherine de Gaussy.
Charles III de Croy le fit réparer au commencement du XVIIe siècle.
Plusieurs fois assiégé et pris pendant les guerres de Henri II, Louis XIII et Louis XIV.
Il a été démoli en 1818; il n'en reste plus aujourd'hui que les murs délabrés de l'enceinte, les fondemens de l'habitation et de trois tours, une quatrième encore debout, deux ponts, où sont les poulies qui ont servi aux ponts-levis.
On y voit deux inscriptions, dont l'une porte la date de 1549 et l'autre celle de 1556.
Les Français y installèrent leur quartier-général toutes les fois qu'ils investirent Maubeuge.
Seigneurie : Terre éclissée de la pairie d'Avesnes lors du partage des possessions de Wedric-le-Sor entre ses enfants. Elle échut, avec Chièvres, Le Sart, etc., à Guy, souche de la noble famille d'Eclaibes, qui posséda cette seigneurie jusqu'en 1591, époque où Philippe de Croy, seigneur suzerain, la revendiqua, par droit de bâtardise ; elle fut alors réunie au comté de Beaumont. En 1706, elle passa , avec la pairie d'Avesnes, dans la famille d'Orléans, qui la conserva jusqu'à la révolution.
Personnages remarquables : Dumées Antoine François Joseph (1722 - 1765), jurisconsulte distingué, qui a rédigé et commenté la Coutume du Hainaut, est né à Eclaibes.
La population d'Eclaibes est de 276 habitans, dont 24 indigens et 4 mendians.
Le territoire d'Éclaibes comprend 485 hectares ainsi divisés : 240 en labours, 61 en prés, 2 en vergers, 143 en bois, 2 en fonds de batimens, 16 en routes et chemins, 1 en cours d'eau et 20 en terrains incultes.
On y cultive le froment, le méteil, l'épeautre, le seigle, le scourgeon, l'orge, l'avoine, les féveroles, les pois, les vesces et les pommes de terre. Ses productions principales sont le froment et l'épeautre.
Il existe en ce village deux moulins à farine et une briqueterie.
Hameaux et lieux dits : Le Château. L'Étang. Le Grand et le Petit Moulin. La Belle Hôtesse. La Fâche de la Garenne. Les Bois d'Eclaibes et du Temple. Les Prés de Serry et de la Fontaine. L'église d'Eclaibes.
La date la plus ancienne connue de sa construction serait de 1568-69. En 1162, Nicolas, évêque de chapitre métropolitain de Cambrai concéda les deux autels de Floursies et Eclaibes à l’abbaye de Liessies. Leur érection devait sans doute être récente. Il est probable qu’une partie du mur nord de la nef avec la petite baie romane bouchée date de cette période d’effervescence de la construction religieuse qu’étaient la fin du XIIème et le début du XIIIème dans la région de l’Escaut et de la Sambre. Les albums de Croy offrent la première représentation du bâtiment en 1600 et le premier document patent sur l’architecture de l’église. Sur la miniature, l’église comprend deux parties distinctes : un vaisseau surmonté d’une flèche à quatre pans dans l’oeuvre suivi d’un choeur rectangulaire plus étroit. La nef est percée de trois baies sur le coté sud et une baie axiale sur le pignon ouest. Un léger décochement dans la pente des toitures en bâtière laisse présager la présence de coyaux. Au XVIIème siècle, Eclaibes connaît un petit développement rural lié certainement à l’installation de la famille de Croy, aux développements des travaux du château et à l’amélioration des techniques agricoles. Les échevins et le seigneur s’efforcent de figer dans la pierre leur puissance et leur autonomie par rapport à la puissante abbaye de Liessies notamment vers 1628 pour des travaux portant sur le choeur. S’ensuit dans la seconde moitié du XIXème siècle, le laborieux projet d’agrandissement et de modernisation de l’église voulu par le Conseil Municipal et la population. Après plusieurs différents avec l’architecte missionné, l’église est agrandie d’une travée vers l’ouest avec un nouveau pignon. Les travaux sont terminés en décembre 1890.
Des seigneurs portant le nom du lieu ont possédé le château jusqu'en 1591, date à laquelle Charles d'Eclaibes vendit le fief au seigneur de Fosteau. Le bien passa ensuite à Charles de Croy, prince de Chimay; au XVIIIe siècle, il appartint à Philippe d'Alsace, Comte de Boussu, et ensuite à la maison d'Orléans. Avant la Révolution, le château fut vendu aux Cuisset dont l'actuel propriétaire est un descendant. Le Château a été bâti sur un affleurement de roches primaires dures; les blocs extraits pour creuser les douves ont servi à sa construction. Le château du XIIe siècle, dont il reste une partie des murs de courtine et les bases de deux tours, devait à l'origine en posséder quatre, cette enceinte devait enfermer le logis, la salle d'audience, la chapelle et des bâtiments de services. Au XVIIIe siècle, l'enceinte intérieure fut abandonnée : on exploita l'espace compris entre celle-ci et le mur nord et l'on construisit les granges et autres bâtiments qui sont ceux de l'actuelle ferme. On accède aujourd'hui par la porte Est. A droite s'étend le bâtiment de la ferme dont la toiture a été refaite récemment. Le rez-de-chaussée de la tour de la Sorcière est couvert par une coupole, sa cheminée a subi une restauration à l'époque moderne, c'était probablement là que se trouvait la cuisine.
Dans la tour de la Prison, une salle subsiste au-dessus du niveau du sol, sa cave en pierre est couverte d'une voûte en forme de coquille de moule.
Moulin seigneurial d'Eclaibes, moulin à farine François Dewez, puis Rebeau, puis Herbecq, puis Collet-Herbecq et Deharveng dit grand moulin d'Eclaibes, actuellement maison
Situé au confluent du ruisseau du Moulin et de celui des Cligneux, ce moulin était à l'origine le moulin banal de la seigneurie d'Eclaibes, comme en témoigne une pierre employée en soubassement et datée 1553. Moulin à farine et épeautre, il fut reconstruit en 1790 pour M. François Dewez (ADN L5736). Il comprenait à l'origine deux tournants. Il apparaît sur un plan de 1836 sous l'appellation moulin à farine Rebeau. Il subit alors un remaniement comme en témoigne l'aménagement d'un oratoire en façade daté 1838. C'est sans doute alors que le logement et l'atelier de fabrication sont agrandis et surélevés. Le moulin a été à nouveau surélevé en brique à la fin du 19e siècle. Au cadastre de 1845, le moulin figure sous l'appellation de moulin Herbecq.
Cette famille était également propriétaire du Petit Moulin d'Eclaibes et de la ferme située 10 rue de l'Abreuvoir, où le grain à moudre était entreposé. En 1897, les propriétaires en sont MM. Collet-Herbecq et Deharveng.
Les roues à aubes ont été retirées par le propriétaire actuel vers 1990. Restent en place aujourd'hui les systèmes de transmission et les meules.
L'ensemble est composé, du nord au sud, du logement du meunier, du moulin et d'un vaste entrepôt agricole, formant un quadrilatère d'environ 65 m de long pour une largeur maximale, au niveau du moulin, de 14 m. Les murs sont en moellon de calcaire marbrier. L'encadrement des baies est en pierre de taille et brique, disposées en alternance. Le logement comporte un étage de soubassement, sur la cour, occupé en partie par un entrepôt et surmonté d'un demi-niveau d'habitation.
Le moulin, ainsi que le vaste bâtiment rural qui le prolonge, ont été réaménagés et surélevés en 1838. Les charpentes sont en bois, les toits à longs pans couverts de matériau synthétique, exception faite du moulin, couvert d'un long pan à croupe et du bâtiment rural, de tuile flamande mécanique.
Sous l'Ancien Régime, le Petit Moulin est propriété du duc d'Orléans, futur Philippe-Egalité. Après la Révolution, à une date inconnue, il est acheté par la famille Herbecq (Auguste Herbecq en est propriétaire en 1847). Cette famille possède également à Eclaibes le Grand Moulin et la ferme située 10 rue de Beaufort, construite en 1862, où le grain à moudre était entreposé. Cette double propriété permet la régulation du cours du ruisseau en fonction de l'intérêt de l'exploitation des moulins.
Le moulin est constitué de trois volumes mitoyens. Le plus important a été édifié en deux étapes : le rez-de-chaussée et l'étage de soubassement datent de la seconde moitié du 18e siècle. Celui-ci abritait le système hydraulique, entièrement disparu aujourd'hui. Ce bâtiment a été surélevé d'un étage au début du 19e siècle. Les deux autres volumes, en rez-de-chaussée, ont été érigés à la fin du 19e siècle et ont abrité l'Auberge du Petit Moulin qui accueillait les pêcheurs jusque dans les années 1990. Sur les cadastres de 1810 et 1845 est visible un édicule situé à l'ouest et dont il ne reste plus de traces. Le moulin est aujourd'hui désaffecté.
Une importante digue maçonnée contient les eaux d'un vaste étang qui se prolonge au sud, vers le Bois du Temple.
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